Le cycle du contact en coaching ou en management
Les différentes phases du cycle du contact en gestalt
Un article de Robert Stahl initialement paru en 2017 sur Radiocoaching.
En Gestalt, plusieurs auteurs ont théorisé sur « le cycle du contact » à partir d’une courbe parlante d’elle-même, montrant la montée et la descente de l’énergie au cours du temps (ci-dessous – le dessin de la courbe, le nombre de phases et leur dénomination peuvent varier suivant les auteurs).
Un exemple est souvent utilisé pour illustrer ce cycle de contact, celui de la soif :
- Phase 1 de pré-contact : j’ai les lèvres sèches.
- Phase 2 de contact : je réalise que j’ai soif.
- Phase 3 de plein-contact : je me lève et vais boire un verre d’eau.
- Phase 4 de post-contact (ou de retrait) : je suis rassasié, prêt pour d’autres cycles de contact.
Ce cycle peut se repérer dans tout entretien, que celui-ci soit dans un cadre professionnel (management d’un collègue ou d’une équipe, entretien commercial, entretien pédagogique ou d’orientation, etc.) ou dans le cadre d’un coaching (individuel ou d’équipes).
Phase 1 de pré-contact
C’est le temps d’accueillir la personne (ou une équipe), de lui laisser le temps de s’installer dans les lieux, de prendre un café, de « briser la glace » en parlant de tout et de rien.
Phase 2 de contact
On commence à entrer dans le « vif du sujet » au sens propre et au sens figuré ! Quel est l’ordre du jour, quel est l’objectif de la séance, quelles sont les circonstances des questions en suspens, … En coaching (et en management ), nous parlons alors d’un temps d’analyse de la demande. Car, probablement, la première demande du client en coaching (ou du collaborateur, en management) n’est pas sa « vraie » demande (quoi que, parfois, elle le soit !). D’où toute l’importance dans cette phase de se mettre en « posture de coach » :
- Écoute, silence,
- Reformulations,
- Questionnement (en divisant par 2 le nombre de questions que l’on a envie de poser, pour n’avoir si possible que des questions dites « puissantes ». Par exemple : « qu’est-ce que tu proposes ? »…).
Phase 3 de plein-contact
En coaching, la personne explore le « vrai » sujet identifié – et on n’est jamais sûr que ce soit le vrai ! – accompagné par le coach qui évite de faire les choses à la place de son client.
En management, eh bien… c’est pareil ! Le manager gagne à laisser le collaborateur (l’équipe) chercher ses propres solutions et les exprimer en premier, quitte à les enrichir, peut-être ensuite, avec ses propres idées.
Phase 4 de post-contact (retrait)
Ce sera le moment pour rassembler les décisions prises. En coaching (et en management ?), il est alors judicieux de réfléchir en termes d’ancrage, de ce qui va permettre d’« ancrer » (au sens marin du terme) la décision ou le changement, de l’accrocher quelque part. Par exemple :
- En faisant préciser quand et où se passera la décision prise.
- Avec un schéma, un dessin, une photo ou un objet dessiné ou choisi par le client, qui symbolisera le changement décidé.
- En inscrivant quelque chose dans son agenda à une date et un horaire précis (par quoi commencez-vous ?).
Chacun est plus à l’aise avec l’une des 4 phases
Ce que je retiens de l’approche Gestaltiste sur ce thème, c’est tout d’abord que chacun d’entre nous est apriori plus à l’aise avec l’une des 4 phases et peut avoir tendance à zapper ou raccourcir une autre phase. C’est donc important pour le coach (et pour le manager) de repérer cette tendance chez lui et d’en tenir compte de manière corrective :
- Penser à mettre du pré-contact si habituellement il fonce tête baissée dans l’entretien.
- Prendre le temps du contact pour ne pas passer à côté de la demande « réelle » du client, et ne pas s’agripper au premier sujet mis sur la table.
- Savoir être pleinement en contact avec lui-même et avec l’autre en phase de plein-contact (et dans les autres phases également). Ce qui signifie aussi pouvoir accueillir toute la parole de l’autre, en particulier si ce dernier lui fait vraiment confiance pour partager des choses qu’il n’a jamais osé partager avec d’autres… Ce n’est pas parce quelqu’un dépose quelque chose de difficile qu’il vous demande de le prendre en charge !
- Penser à un temps de post-contact, et donc d’ancrage, si d’habitude il finit prématurément.
Il est important de repérer les éventuelles ruptures de ce cycle du contact, pendant l’entretien, qui sont souvent provoqués par les résistances conscientes et inconscientes du client (ou du collaborateur). En Gestalt, on considère ces résistances comme précieuses, comme la pédale de frein est, elle-aussi, précieuse pour conduire une voiture : il ne s’agit donc pas de « lever » les résistances, ni de les « briser », mais de repérer si elles sont pertinentes ou pas dans la situation concrète évoquée.
Pour poursuivre sur l’image de la voiture, amener la personne à conduire sa vie en cessant d’appuyer en même temps sur la pédale de frein et celle d’accélérateur, ce qui est fort consommateur en énergie : accélérer ou freiner, quand c’est judicieux de le faire ! Prendre le volant de sa vie (professionnelle ; personnelle) ?
On le voit, le cycle du contact en Gestalt est une source d’inspiration et de réflexion pour le coach, le manager, l’enseignant, le consultant, pour tout professionnel en situation d’entretien.
Cet article écrit par Robert Stahl a été publié initialement en 2017 dans Radiocoaching. Pour lire l’article original, cliquez ici.