Un article de Robert Stahl
Préalable : mes articles cherchent à jeter des passerelles entre des univers qui s’ignorent alors qu’ils sont complémentaires. Comme pour inviter chacun à faire un pas d’écoute / un pas de côté vers l’autre, différent, qui n’a pas le même référentiel ! Ils sont donc une invitation au dialogue : n’hésitez pas à réagir !
Pour celui ou celle qui vient en supervision, que ce soit en groupe ou en individuel, trois sujets sont souvent évoqués :
- La pratique de son métier (coach, manager, consultant, …) : difficultés rencontrées, aspects “techniques”, postures, résultats concrets, qualité des relations nouées avec chacun de ses clients ou interlocuteurs ou équipes, etc.
- Le développement de son activités ou celle de son entreprise : identifier son “cœur” de métier (dans tous les sens du mot “cœur”), vérifier que son projet n’est pas “autiste” (parfois, « il n’y a pas de marché au numéro que vous avez demandé ! »), trouver une manière judicieuse d’être visible pour ses futurs clients, dynamiser son activité “commerciale”, etc.…
- Son propre développement personnel…
Mais que viennent-ils donc chercher en supervision ?
Une nécessaire prise de recul
Ce qui est recherché en premier, c’est de prendre un temps de recul :
- Se décentrer, avoir une distance suffisante par rapport aux situations rencontrées,
- Revisiter sa capacité à être véritablement en lien avec l’autre, les autres,
- Vérifier le cadre posé – s’il l’a bien été ! – par rapport à la spécificité de son métier, et identifier des “règles du jeu” qui auraient été “oubliées”.
Dans le cas de supervision en groupe, le partage d’expérience avec des pairs qui interviennent sur des champs différents contribue largement à cette prise de recul.
Progresser dans ses pratiques
La deuxième chose recherchée est de continuer à progresser professionnellement (un “travail” jamais terminé !)
- S’assurer de la pertinence de ses manières de faire (et aussi… se rassurer !)
- Se confronter à ses contradictions, ses tensions ou démons intérieurs, ses zones d’ombre,
- Être moins défensif, mieux accueillir ce qui dérange, ce qui surprend, ce qui est imprévu,
- Repérer les résonances ou processus parallèles ou reflets systémiques : ce qui se passe entre l’autre (le superviseur) et la personne “parle” aussi de la situation que cette dernière évoque.
- Voire tester, expérimenter, pratiquer du « coaching in situ », repérer et affiner son style professionnel, apprendre de nouvelles manières de faire, …
- Avoir un garde-fou par rapport à sa posture de coach (de manager, de consultant,…) par rapport à des situations vécues, pour oser “habiter” toute la puissance de son professionnalisme sans passer dans le champ de… “la” toute-puissance : la frontière est parfois étroite entre les deux !
En ce sens, la supervision est un espace de formation très puissant.
Un chemin personnel
La troisième chose recherchée – ou qui arrive par surcroît – est de poursuivre son cheminement personnel » (un “travail” là aussi jamais terminé !)
- Être à l’écoute de soi (tête, cœur, corps), ce qui est souvent le principal outil dans nos métiers : à l’écoute de ses ressentis, de ses émotions et de ses intuitions, oser les partager… sans les imposer !
- Comprendre son propre fonctionnement, repérer :
> ses ors, ses lumières, ses talents (à amplifier),
> ses angles morts, ses ombres (pour mieux en jouer),
> ses propres représentations (pour donner et se donner plus de liberté), - Voire franchir un seuil, un “plafond de verre” que l’on n’avait pas identifié !
La supervision est donc aussi un lieu de développement personnel, au sens noble du terme.
On le voit, en supervision, chaque participant se challenge lui-même ! Une manière de vérifier qu’il est « la bonne personne » pour ce client, pour cette situation de management, pour ce métier… Peut-être que la supervision est aussi tout simplement – et ce n’est pas si simple – un temps pour se poser des questions plus existentielles, trouver du sens… : celui de son travail, de sa mission, de sa vie… (et celui du travail et des missions de ceux que l’on accompagne / manage / forme). Sinon le risque serait de s’intéresser plus à « ce qu’il faut faire » – et qu’il faut bien faire, certes – plutôt qu’aux questions… essentielles ou existentielles !
À propos de l’auteur
Robert Stahl est Superviseur et coach professionnel